05 Déc Je l’ai su, je le saurai

Parfois je vois clairement le sens de ma vie. Parfois, je ne vois presque plus rien, je n’aperçois qu’un petit morceau et puis un autre et un autre encore. Je n’arrive pas à me brancher sur mon coeur. Et ma vision s’embrouille, les liens viennent à manquer. Je peux seulement me souvenir que j’ai su, que j’ai compris l’essentiel de ce que j’ai à vivre et que cela m’avait apaisée il y a deux semaines, un mois, quelques temps… Je l’ai su, je le saurai. Pour le moment, l’acceptation de l’imbroglio est difficile.

Toujours dans mon travail d’intervenante auprès de la souffrance de mes consultants, je visualisais une table de travail entre eux et moi et dessus, des centaines de morceaux plus ou moins épars selon le travail déjà accompli. Accompagnée de ma présence tranquille, la personne-en-consultation cherchait à assembler des morceaux d’elle-même comme on assemble les morceaux d’un casse-tête. Ici et là apparaissaient des parties du paysage intérieur, l’horizon, le contour d’un lac, le toit d’une maison, le clocher de l’église. Le travail intérieur est une lente marche au travers d’un paysage souvent désolé où l’on voudrait tout rebâtir, tout rénover en un court laps de temps. L’image entière viendra, c’est sûr, mais une fois venue, elle s’embrouillera de nouveau, c’est certain. La sérénité vient avec la patience de toujours tout recommencer en sachant que les fondations déjà établies résisteront aux nouvelles tempêtes.

Le piège à éviter est de vouloir atteindre l’état de parfait bonheur, s’asseoir là et y demeurer. Ce ne serait pas vivant.

Le sens de la vie vient dans la rencontre avec l’âme et grâce au lent débroussaillage de l’épaisse densité humaine pour adoucir les aspérités inévitables de la vie dans un corps et un ego donnés … Le château de la Belle au bois dormant est au bout d’un chemin rempli d’épines et de ronces. Pour réveiller le coeur en soi et l’embrasser, il faut reconnaître que la forêt aussitôt éclaircie offrira un nouveau défi, un nouvel enchevêtrement de branches et d’épines. L’impermanence s’érige sur la permanence des mouvements de vie …

1Comment
  • Jean Guy Nadeau
    Posted at 21:29h, 05 décembre Répondre

    « Pour réveiller le coeur en soi ». J’aime bien.

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