22 Mai Deuxième étape, les biopsies.

Vendredi, 9 juin 2017:

Le téléphone sonne, un appel anodin peut-être. Non, pas cette fois-ci. La voix d’une secrétaire m’annonce que la mammographie d’il y a trois semaines a révélé quelque chose. Je dois me rendre à tel endroit mardi prochain à 11heures pour une biopsie. Pas d’explication, elle n’en sait pas plus. Ce n’est pas son rôle d’en savoir plus. Quel est ce système médical où les mauvaises nouvelles arrivent presque toujours par une messagère anonyme ?

Je suis là assise sur ma chaise près du téléphone, incrédule, seule. C’est un état tout aussi étrange de vivre sans souci de santé que de vivre avec la maladie. C’est un état d’inconscience où la certitude que la vie est toujours la plus forte crée un petit nid douillet que rien ne peut faire éclater. J’avais fini par oublié la mammographie de rappel parce qu’il n’y avait jamais rien eu d’inquiétant auparavant.  Et voilà que, sans crier gare, un tout petit amas de cellules confuses, égarées, me projette dans un espace de trahison. La trahison du corps est terrifiante parce qu’elle peut faire mourir.

Le temps passe et je me rapaille lentement. Après tout, si le système est alarmiste, je n’ai pas besoin d’entrer dans son jeu. Mais je sais, je le sens que ce sera sérieux tout comme je savais que je ne devais pas annuler le rendez-vous pour la mammo. J’essaie, sans réussir, de faire taire mon intuition.

Quatre longs jours d’attente et je me présente à l’hôpital pour une double biopsie. Au toucher, il n’y a rien. Même la radiologue ne peut détecter une masse quelconque. Mais la mammographie et l’échographie sont persuasives, je ne peux pas échapper aux biopsies, deux petits sites de cellules semblent anormales. C’est plus éprouvant et plus long que je ne l’aurais cru. La médecine est primitive malgré ses grands airs de pontifes. Un jour, un simple test sanguin pourra dire avec justesse si une masse est cancéreuse ou pas. Au Texas, des américains ont mis au point un appareil qui lit sur la peau sans la perforer l’état de ce qui est vu à l’échographie.

Je repars plus de deux heures plus tard, accablée mais pas étonnée. Si la radiologue fait tout pour me cacher sa conclusion à la suite de l’examen, l’interne qui l’accompagne me confirme ce que je sais, il y a un petit quelque chose dont les contours ne sont pas nets comme pour un kyste. C’est donc tout probablement une tumeur cancéreuses. Et l’autre petite ombre aussi.

Il fait soleil dehors, je marche une heure pour retourner chez moi… le coeur gros. L’orage gronde de nouveau.

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