03 Fév Changer, c’est impossible !

Il y a plusieurs années, j’ai connu une femme qui avait toujours les cheveux bien coiffés, bien sagement ordonnés. Elle se faisait un “ brushing” tous les jours sur des cheveux mi-longs, les étirant longuement, je suppose, pour enlever toute boucle indisciplinée. Un jour, elle est arrivée avec une tête toute bouclée, une coiffure rebelle et… magnifique !

Je lui ai dit:” Tiens, tu as changé tes cheveux !” Je pensais qu’elle s’était fait donner une permanente, c’était il y a longtemps ! Elle m’a répondu: “Non, non, c’est avant que je changeais mes cheveux, ça c’est ma tête au naturel.”

Je m’en souviens encore. Cette leçon m’avait frappée de plein fouet : on ne change pas, on arrête simplement de se changer.

Le “JE suis” créé à notre naissance se manifeste avec plus de force à mesure que le temps nous recrée constamment, tablant sur nos expériences de vie, nos blessures, nos limites, nos bons coups et nos bonheurs. Le passé est immuable, impossible de l’échanger et d’être remboursé comme la chemise trop petite achetée hier ! Il est immuable mais le regard que l’on pose sur notre vie peut être transformé. Par un regard plus amoureux de nous-même, notre essence s’affirme et se solidifie. La volonté de se changer se fait moins séduisante et le retour chez soi commence à nous captiver.

Dans la création quotidienne du moi s’entremêlent toutes sortes de personnalités, de rôles joués par l’ego dans une tentative de survie mais aussi de construction de soi. Des façons d’être sont empruntées, essayées, adoptées à demi, rejetées ou conservées en entier. Souvent, trop souvent même si elles ne passent pas le test, elles s’intègrent à notre moi malgré l’impitoyable carnage qu’elles opèrent sur notre authenticité. Jusqu’à ce que notre bouclier vivant construit à même nos erreurs, nos résistances et nos guerres intestines, se lézarde pour laisser passer un fil de lumière, comme dirait Cohen. On arrête de se changer. On rentre chez soi, au coeur de notre être, là où les rôles jadis nécessaires nous apparaissent désormais superflus, désuets.

Ce sont ces rôles qui nous changent, nous éloignant de l’essence même de notre humanité. Ne plus vouloir se changer mais simplement désirer rentrer chez soi est le premier pas vers la satisfaction et le bonheur d’exister.

Et puis, que dire de vouloir changer les autres ?!!!!!

 

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