03 Juil Cancer, ne plus être isolée

Au final, un chemin de maladie se marche seule, idéalement avec courage et lucidité même s’il est parsemé de défaites et de jours très difficiles. Cela ne veut pas dire dans l’isolement. C’est comme un accouchement, personne ne peut le faire à notre place mais on peut être accompagnées, et bien accompagnées.

Un coup le choc passé de l’annonce d’un cancer, il faut le dire aux aimés. J’ai choisi de le faire le plus simplement possible. Et comme ce que j’avais à dire n’était pas très alarmant, ça s’est bien passé. La première rencontre avec l’oncologue, vers la mi-juillet, m’avait éclairée sur la nature de ce cancer. Il y avait deux petits sites de cellules cancéreuses, l’un de la taille d’un grain de riz, l’autre d’un peu plus d’un centimètre, de stade T1. Donc pas très méchants! Plus tard, j’apprendrai qu’ils étaient infiltrants et lobulaires, donc plus méchants que je ne l’avais cru au début. Je suis contente d’avoir appris les choses petit à petit. Je suis également reconnaissante que l’opération ait été retardée (grâce aux erreurs de la première oncologue qui devait m’opérer et à celles d’un technicien) et qu’elle eut lieu presque 5 mois après les deux premières biopsies. Apprivoiser un espace de maladie est un processus lent pour soi et pour ceux qui nous aiment.

Ma première réaction avait été de refuser ce qui m’attendait  (« je préfère mourir que de subir les traitements lourds de la médecine ») mais j’ai fini par vouloir vivre pour ceux que j’aime. Vouloir vivre, c’est accepter des soins, même agressifs. Il m’a fallu quelques semaines de plus pour vouloir vivre pour moi. Les émotions et leurs transformations se déroulent avec un rythme qui leur est propre. Ma famille et mes amis ont été attentifs et respectueux, ils ne m’ont pas bousculée dans mon avance. Gratitude.

Il y eut deux moments marquants au mois d’août à mon retour de vacances. Le premier m’a été offert par une amie qui maîtrise l’EFT. Au téléphone, nous avons fait une session pendant laquelle j’ai pris conscience que je m’étais sentie très seule dans plusieurs situations difficiles de ma vie. Elle a posé les bonnes questions et a su toucher à l’essentiel de ce que je ressentais : l’isolement et l’abandon. Je comprenais bien que c’était une illusion mais je n’arrivais pas à en sortir. Après cette session, j’ai commencé à pouvoir recevoir l’amour et l’attention bienfaisante des gens autour de moi. Même les amis facebookiens s’en sont mêlés! C’était très réconfortant de recevoir 70-80 « J’aime » et des dizaines de commentaires et de souhaits à chaque fois que je donnais des nouvelles. Dans ce sens et dans ces moments-là, vive FB! Je ne suis plus avare de mes commentaires quand il y a partage de maladie sur mon fil d’actualités.

L’autre incident marquant s’est produit vers la mi-août: Je commençais à suivre une série de webinars  avec Chris Wark ( chrisbeatcancer.com). Chris est un américain qui s’est guéri d’un cancer en acceptant une opération mais en refusant chimio et radiothérapie, il y a une quinzaine d’années. J’ai beaucoup appris avec lui au sujet de l’alimentation anti-cancer. Dès les premières minutes de la première vidéo, il a dit :  » Je vous pose deux questions importantes avant de commencer. « Voulez-vous  vraiment vivre ? Vous engagez-vous à faire ce qu’il faut pour guérir ? » J’ai éclaté en sanglots. Il était temps, j’avais peu pleuré jusque là. Du fond de mon ventre est monté un oui puissant, est montée la certitude que je voulais vivre … pour moi ! Merci Chris ! Une nouvelle étape dans ma guérison venait de commencer.

La maladie élabore, un symptôme à la fois, une matrice complexe qui donne naissance à une réflexion profonde et dynamique sur soi et sur la vie. Mon corps est à jamais transformé, stigmatisé suite à l’opération, mais ma vie surtout est à jamais transformée. Encore, gratitude !

 

1Comment
  • Manon Jourdenais
    Posted at 14:30h, 03 juillet Répondre

    Merci Caroline pour tes partages toujours aussi si généreux. Tu sais si bien nous dire avec tes mots pleins de tendresse, de respect et de compassion envers les autres et toi-même ton vécu, qu’ils devraient être partagés avec toutes celles qui vivent avec le cancer ou toute maladie semblable. Gratitude Caroline, oui.

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